Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/166

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poles, et en été qu’en hiver, et de jour que de nuit. Dont la raison est que les plus grosses de ses parties, ayant le plus de force, peuvent le mieux aller vers les lieux où, l’agitation étant plus grande, il leur est aisé de continuer leur mouvement. Toutefois il y en a toujours quantité de fort petites qui se coulent parmi ces plus grosses ; et il est à remarquer que tous les corps terrestres ont bien des pores par où ces plus petites peuvent passer, mais qu’il y en a plusieurs qui les ont si étroits ou tellement disposés, qu’ils ne reçoivent point les plus grosses, et que ce sont ordinairement ceux-ci qui se sentent les plus froids quand on les touche, ou seulement quand on s’en approche. Comme d’autant que les marbres et les métaux se sentent plus froids que le bois, on doit penser que leurs pores ne reçoivent pas si facilement les parties moins subtiles de cette matière, et que les pores de la glace les reçoivent encore moins facilement que ceux des marbres ou des métaux, d’autant qu’elle est encore plus froide. Car je suppose ici que, pour le froid et le chaud, il n’est point besoin de concevoir autre chose, sinon que les petites parties des corps que nous touchons, étant agitées plus ou moins fort que de coutume, soit par les petites parties de cette matière subtile, soit par telle autre cause que ce puisse être, agitent aussi plus ou moins les petits filets de ceux de nos nerfs qui