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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/189

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d’elles-mêmes en s’élançant hors de l’eau où elles sont. Comme si la mer qui est vers A[1] étant poussée avec force vers C, y rencontre un banc de sable ou quelque autre obstacle qui la fasse monter vers B, le branle que cette agitation donne aux parties du sel peut faire que les premières qui viennent en l’air s’y dégagent de celles de l’eau douce qui les tenoient entortillées, et que, se trouvant seules vers B à certaine distance l’une de l’autre, elles y engendrent des étincelles assez semblables à celles qui sortent des cailloux quand on les frappe. Il est vrai qu’à cet effet il est requis que ces parties du sel soient fort droites et fort glissantes, afin qu’elles se puissent plus aisément séparer de celles de l’eau douce ; d’où vient que ni la saumure, ni l’eau de mer qui a été longtemps gardée en quelque vase, n’y sont pas propres. Il est requis aussi que celles de l’eau douce n’embrassent point trop étroitement celles du sel ; d’où vient que ces étincelles paroissent plus quand il fait chaud que quand il fait froid : et que l’agitation de la mer soit assez forte ; d’où vient qu’en même temps il ne sort pas du feu de toutes ses vagues : et enfin que les parties du sel se meuvent de pointe comme des flèches, et non de travers ; d’où vient que toutes les gouttes qui rejaillissent hors d’une même eau n’éclairent pas en même sorte.

  1. Figure 3.