Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/190

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Mais considérons maintenant comment le sel flotte sur l’eau quand il se fait, nonobstant que ses parties soient fort fixes et fort pesantes, et comment il s’y forme en petits grains qui ont une figure carrée, presque semblable à celle d’un diamant taillé en table, excepté que la plus large de leurs faces est un peu creusée. Premièrement il est besoin à cet effet que l’eau de la mer soit retenue en quelques fosses, pour éviter tant l’agitation continuelle des vagues que l’affluence de l’eau douce, que les pluies et les rivières amènent sans cesse en l’océan ; puis il est besoin aussi d’un temps chaud et sec, afin que l’action du soleil ait assez de force pour faire que les parties de l’eau douce, qui sont roulées autour de celles du sel, s’évaporent. Et il faut remarquer que la superficie de l’eau est toujours fort égale et unie, comme aussi celle de toutes les autres liqueurs ; dont la raison est que ses parties se remuent entre elles de même façon et de même branle, et que les parties de l’air qui la touchent se remuent aussi entre elles tout de même l’une que l’autre, mais que celles-ci ne se remuent pas de même façon ni de même mesure que celles-là : et particulièrement aussi que la matière subtile qui est autour des parties de l’air se remue tout autrement que celle qui est autour des parties de l’eau ; ce qui est cause que leurs superficies, en se frottant l’une contre l’autre, se polis-