Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/211

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terres que des mers, à cause qu’elle y demeure plus fort imprimée. C’est pourquoi on observe souvent aux bords de la mer que le vent vient le jour du côté de l’eau, et la nuit du côté de la terre ; et c’est pour cela aussi que ces feux qu’on nomme les ardents conduisent de nuit les voyageurs vers les eaux, car ils suivent indifféremment le cours de l’air, qui tire vers là des terres voisines, à cause que celui qui y est se condense. Il faut aussi remarquer que l’air qui touche la superficie des eaux suit leur cours en quelque façon, d’où vient que les vents changent souvent le long des côtes de la mer avec ses flux et reflux, et que le long des grandes rivières on sent en temps calme de petits vents qui suivent leur cours. Puis il faut remarquer aussi que les vapeurs qui viennent des eaux sont bien plus humides et plus épaisses que celles qui s’élèvent des terres, et qu’il y a toujours parmi celles-ci beaucoup plus d’air et d’exhalaisons, d’où vient que les mêmes tempêtes sont ordinairement plus violentes sur l’eau que sur la terre, et qu’un même vent peut être sec en un pays et humide en un autre. Comme on dit que les vents de midi, qui sont humides presque partout, sont secs en Égypte, où il n’y a que les terres sèches et brûlées du reste de l’Afrique qui leur fournissent de matière ; et c’est sans doute ceci qui est cause qu’il n’y pleut presque jamais : car quoique les vents de nord ve-