Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/212

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nant de la mer y soient humides, toutefois pourcequ’avec cela ils y sont les plus froids qui s’y trouvent, ils n’y peuvent pas aisément causer de pluie, ainsi que vous entendrez ci-après. Outre cela, il faut considérer que la lumière de la lune, qui est fort inégale selon qu’elle s’éloigne ou s’approche du soleil, contribue à la dilatation des vapeurs, comme fait aussi celle des autres astres : mais que c’est seulement en même proportion que nous sentons qu’elle agit contre nos yeux, car ce sont les juges les plus certains que nous puissions avoir pour connoître la force de la lumière ; et que par conséquent celle des étoiles n’est quasi point considérable, à comparaison de celle de la lune, ni celle-ci à comparaison du soleil. Enfin on doit considérer que les vapeurs s’élèvent fort inégalement des diverses contrées de la terre ; car, et les montagnes sont échauffées par les astres d’autre façon que les plaines, et les forêts que les prairies, et les champs cultivés que les déserts, et même certaines terres sont plus chaudes d’elles-mêmes ou plus aisées à échauffer que les autres ; et ensuite se formant des nues en l’air fort inégales, et qui peuvent être transportées d’une région en une autre par les moindres vents, et soutenues à diverses distances de la terre, même plusieurs ensemble au-dessus les unes des autres, les astres agissent derechef d’autre façon contre les plus hautes que contre les