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DISCOURS CINQUIÈME

DES NUES.


Après avoir considéré comment les vapeurs, en se dilatant, causent les vents, il faut voir comment, en se condensant et resserrant, elles composent les nues et les brouillards ; à savoir, sitôt qu’elles deviennent notablement moins transparentes que l’air pur, si elles s’étendent jusques à la superficie de la terre, on les nomme des brouillards ; mais si elles demeurent suspendues plus haut, on les nomme des nues. Et il est à remarquer que ce qui les fait ainsi devenir moins transparentes que l’air pur, c’est que lorsque leur mouvement s’alentit, et que leurs parties sont assez proches pour s’entre-toucher, elles se joignent et s’assemblent en divers petits tas qui sont autant de gouttes d’eau, ou bien de parcelles de glace ; car, pendant qu’elles demeurent tout-à-fait séparées et flottantes en l’air, elles ne peuvent guère empêcher le cours de la lumière, au lieu qu’étant assemblées, encore que les gouttes d’eau ou les parcelles de glace qu’elles composent soient