Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/222

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s’entre-touchassent aucunement, ni aussi qu’elles fussent fort proches les unes des autres et fort pressées, si leur chaleur, c’est-à-dire leur agitation, étoit assez forte pour les empêcher de se joindre. Ainsi on ne voit pas qu’il se forme toujours des nues au haut de l’air, nonobstant que le froid y soit toujours assez grand pour cet effet : et il est requis de plus qu’un vent occidental, s’opposant au cours ordinaire des vapeurs, les assemble et les condense aux endroits où il se termine ; ou bien que deux ou plusieurs autres vents, venant de divers côtés, les pressent et accumulent entre eux ; ou qu’un de ces vents les chasse contre une nue déjà formée ; ou enfin qu’elles aillent s’assembler de soi-même contre le dessous de quelque nue, à mesure qu’elles sortent de la terre. Et il ne se forme pas aussi toujours des brouillards autour de nous, ni en hiver, encore que l’air y soit assez froid ; ni en été, encore que les vapeurs y soient assez abondantes, mais seulement lorsque la froideur de l’air et l’abondance des vapeurs concourent ensemble, comme il arrive souvent le soir ou la nuit lorsqu’un jour assez chaud a précédé : principalement au printemps plus qu’aux autres saisons, même qu’en automne, à cause qu’il y a plus d’inégalité entre la chaleur du jour et la froideur de la nuit ; et plus aussi aux lieux marécageux ou maritimes que sur les terres qui sont loin des eaux, ni sur les