Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/450

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doit servir pour le rendre plus agréable, cela regarde les physiciens.

Et il semble que ce qui fait que la voix de l’homme nous agrée plus que les autres, c’est seulement parce qu’elle est plus conforme à la nature de nos esprits ; c’est peut-être aussi cette sympathie ou antipathie d’humeur et d’inclination qui fait que la voix d’un ami nous semble plus agréable que celle d’un ennemi, par la même raison qu’on dit qu’un tambour couvert d’une peau de brebis ne résonne point et perd entièrement son son lorsque l’on frappe sur un autre tambour couvert d’une peau de loup.

CHOSES À REMARQUER.

Remarquez premièrement que tous les sens sont capables de quelque plaisir.

Secondement, que ce plaisir des sens consiste en une certaine proportion et correspondance de l’objet avec le sens ; d’où vient par exemple qu’une décharge de mousqueterie ou que le bruit du tonnerre seroit un son peu propre pour la musique, d’autant qu’il blesserait l’oreille, de même que l’éclat brillant des rayons du soleil blesse les yeux de celui qui le regarde directement.

Troisièmement, cet objet pour plaire doit être de telle façon qu’il ne paroisse pas confus au sens, qui ne doit pas travailler pour le connoître et le