Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/478

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avec une autre voix différente, sans grande difficulté, comme on le peut expérimenter. Secondement, le demi-ton mineur se joindroit au ton majeur, avec lequel il feroit une dissonance fort désagréable, car elle consisteroit entre ces nombres, 64 et 75 ; c’est pourquoi la voix ne se pourroit mouvoir par cet intervalle. Mais, pour mieux satisfaire à cette objection,

Remarquez que le son aigu et élevé a besoin pour être formé, ou d’une haleine beaucoup plus forte, si c’est une voix, ou d’un pincement plus sec et plus vigoureux, s’il est fait sur des cordes, que le son bas et grave ; ce que l’on expérimente dans les cordes, qui, plus elles sont tendues, rendent aussi un son plus aigu, et dont la raison est que l’air fait plus de résistance, qu’on le divise en plus de parties et plus petites, qui causent le son aigu ; d’où il arrive aussi que le son frappe l’oreille d’autant plus fortement qu’il est aigu. Cela posé, Il semble que la raison la plus naturelle pourquoi on s’est servi de degrés dans les chansons est que, si la voix ne passoit que par les termes des accords, il y auroit une trop grande disproportion entre la force de l’un et la foiblesse de l’autre, ce que les chantres et les auditeurs auroient peine à souffrir.

Par exemple, si je veux monter de A à B (fig. 12), le son B se faisant entendre avec plus de force que