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DISCOURS SEPTIÈME. 89

de mettre au-devant quelques autres verres plus troubles ou colorés, ainsi que plusieurs ont coutume de faire pour regarder le soleil : car, plus cette entrée sera étroite, plus la vision sera distincte, ainsi qu’il a été dit ci-dessus de la prunelle. Et même il faut observer qu’il sera mieux de couvrir le verre par le dehors que par le dedans, afin que les réflexions qui se pourroient faire sur les bords de sa superficie n’envoient vers l’œil aucuns rayons ; car ces rayons, ne servant point à la vision, y pourroient nuire.

Il n’y a plus qu’une condition qui soit désirée de la part des organes extérieurs, qui est de faire qu’on aperçoive le plus d’objets qu’il est possible en même temps ; et il est à remarquer qu’elle n’est aucunement requise pour la perfection de voir mieux, mais seulement pour la commodité de voir plus, et même qu’il est impossible de voir plus d’un seul objet à la fois distinctement : en sorte que cette commodité, d’en voir cependant confusément plusieurs autres, n’est principalement utile qu’afin de savoir vers quel côté il faudra par après tourner ses yeux pour regarder celui d’entre eux qu’on voudra mieux considérer : et c’est à quoi la nature a tellement pourvu qu’il est impossible à l’art d’y ajouter aucune chose ; même tout au contraire, d’autant plus que, par le moyen de quelques lunettes, on augmente la grandeur des linéaments