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lettres.

tave ; sur quoi je vous dirai néanmoins qu’il me semble que ce qui rend le passage d’une consonnance à l’autre agréable n’est pas seulement que les relations soient aussi consonnantes, car cela ne se peut ; même quand il se pourroit, il ne seroit pas agréable, d’autant que cela ôteroit toute la diversité de la musique ; et d’ailleurs, touchant les mauvaises relations, il ne faut presque considérer que la fausse quinte et le triton, car les 7 et 9 se rencontrent presque toujours lorsqu’une partie va par degrés conjoints. Mais ce qui empêche qu’on ne peut aller de la tierce à l’octave est à cause que l’octave est une des consonnances parfaites, lesquelles sont attendues de l’oreille lorsqu’elle entend les imparfaites ; mais lorsqu’elle entend les tierces, elle attend la consonnance qui leur est la plus proche, à savoir, la quinte ou l’unisson ; de sorte que si l’octave survient au lieu, cela la trompe et ne la satisfait pas. Mais il est bien permis de passer des tierces à une autre imparfaite ; car, encore que l’oreille n’y trouve pas ce qu’elle attend pour y arrêter son attention, elle y trouve cependant quelque autre variété qui la récrée, ce qu’elle ne trouverait pas en une consonnance parfaite, comme est l’octave.

J’ai appris de M. Ferrier[1] combien vous m’aviez

  1. Il y avoit à la marge : « C’est peut-être une autre lettre antérieure à la précédente. » — Effacé.