Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/293

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elles à la formation des autres choses, remarque très utile à faire. Car toutes les fois qu’on propose une difficulté à examiner, presque tous s’arrêtent au début, incertains à quelles pensées ils doivent d’abord se livrer, et persuadés qu’ils ont à cher­cher une nouvelle espèce d’être qui leur est incon­nue. Ainsi, quand on demande quelle est la na­ture de l’aimant, aussitôt, et parcequ’ils augurent que la chose est difficile et ardue, éloignant leur esprit de tout ce qui est évident, ils l’appliquent à ce qu’il y a de plus difficile, et attendent dans le vague si par hasard, en parcourant l’espace vide de causes infinies, ils ne trouveront pas quelque chose de nouveau. Mais celui qui pense qu’on ne peut rien connoître dans l’aimant qui ne soit formé de certaines natures simples et connues par elles-mêmes, sûr de ce qu’il doit faire, rassemble d’abord avec soin toutes les expériences qu’il possède sur cette pierre, et cherche ensuite à en déduire quel doit être le mélange nécessaire de natures simples pour produire les effets qu’il a reconnus dans l’ai­mant. Cela trouvé, il peut affirmer hardiment qu’il connoît la véritable nature de l’aimant, autant qu’un homme avec les expériences données peut y parvenir.

Il résulte quatrièmement de ce que nous avons dit, qu’il ne faut pas regarder une connoissance comme plus obscure qu’une autre, puisque toutes