Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/347

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beaucoup d’art et d’adresse pour les trouver, pourvu qu’en commençant par les plus simples, on apprenne à s’élever par degrés jusqu’aux plus sublimes. C’est ce que je veux montrer ici à l’aide d’une suite de raisonnements tellement clairs et tellement vulgaires, que chacun jugera que s’il n’a pas remarqué les mêmes choses que moi, c’est uniquement parce qu’il n’a pas jeté les yeux du bon côté, ni dirigé ses pensées sur les mêmes objets que moi, et que je ne mérite pas plus de gloire pour les avoir découvertes, qu’un paysan n’en mériteroit pour avoir trouvé par hasard sous ses pas un trésor qui depuis longtemps auroit échappé à de nombreuses recherches.

Et certes, je m’étonne que parmi tant d’excellents esprits, qui en ce genre eussent réussi bien mieux que moi, il ne s’en soit trouvé aucun qui ait daigné faire cette distinction, et que presque tous se soient conduits comme le voyageur qui, abandonnant la grande route, s’égare dans un chemin de traverse au milieu des ronces et des précipices.

Mais je ne veux pas examiner ce que d’autres ont su ou ont ignoré. Il me suffira de noter que, quand même toute la science que nous pouvons désirer se trouveroit dans les livres, ce qu’ils renferment de bon est mêlé de tant d’inutilités, et dispersé dans la masse de tant de gros volumes, que