Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/382

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définir, parce que, comme elles sont très simples et très claires, nous ne pouvons pas les savoir et les comprendre mieux que par elles-mêmes. Il y a plus, il faut mettre au nombre des principales erreurs qui peuvent être commises dans les sciences, l’opinion de ceux qui veulent définir ce qu’on ne peut que concevoir, et distinguer ce qui est clair d’avec ce qui est obscur, et qui en même temps ne peuvent discerner ce qui pour être connu exige et mérite d’être défini de ce qui peut être parfaitement connu par soi-même. Or, au nombre des choses qui sont en elles-mêmes aussi claires, et peuvent être connues par elles-mêmes, il faut mettre le doute, la pensée, l’existence.

Je ne pense pas qu’il ait jamais existé quelqu’un d’assez stupide pour avoir eu besoin d’apprendre ce que c’est que l’existence avant de pouvoir conclure et affirmer qui il est ; il en est de même de la pensée et du doute. J’ajoute même qu’il ne peut se faire qu’on apprenne ces choses autrement que de soi-même, et qu’on en soit persuadé autrement que par sa propre expérience, et par cette conscience et ce témoignage intérieur que chacun trouve en lui-même quand il examine les choses. En vain nous définirions ce que c’est que le blanc pour le faire comprendre à celui qui ne verrait absolument rien, tandis que pour le connoitre il ne faut qu’ouvrir les yeux et voir du blanc ; de même,