COMMENTAIRE ET NOTES 95
mais qui ne tire pas à conséquence (lat. 4641 B, fol. 150). — Il se pourrait toutefois que Villon, avec sa manie d'équivoquer, ait désigné ostensiblement Charlemagne tout en laissant à entendre qu'il pouvait s'agir aussi de Charles VII.
Charlemagne figurait au nombre des neuf Preux (Fr. 5950, le Triomphe des neufs preux). On sait que Louis XI avait une dévotion toute particulière pour le grand empereur. Cf. fr. 6758, fol. 77 : 88 vo ; fr. 6759, fol. 157 r° et v°; fr. 20685, fol. 527; fr. 20421, fol. 81. Louis XI devait instituer, en 1474, la fête de saint Charlemagne, et exi- gea qu'elle fût observée sous peine de mort (Gaguin, Compeniliiivi (édit. 1501), fol. 29 V; et Bibl. nat. Clairambault 764, p. 79, etc.Vouv l'ensemble, cf. Gaguin (mon édition), Epistole et oratimes, t. I, p. 289, n. 2 ; p. 290, n. i.
V. 68. — Coiiceus en ventre nupcial.
« Devant qu'il fust ou ventre de sa mère conceu. » Fr. 907, fol. 51'^.
V. 69. — Bons comme fut sainct Marcial !
Bons a ici le sens d'aYaSo'ç, en grec : = bon, brave à la guerre. — « Braves comme fut saint Martial. » Villon équivoque sur le nom de cet évêquequi ne fut rien moins que soldat, suivant, en cela, la croyance populaire. Cf. Barbier de Montault, La légende de saint Martial dans le bréviaire de la Trinité de Poitiers, au XV^ siècle; Limoges, in-8°; Charles- Félix Bellet, L'ancienne vie de saint Martial et la prose rythmée, Paris, 1877, in-8°. L'église Saint-Martial, à Paris, était dans la Cité, et avait été bâtie ou plutôt rebâtie par saint Éloi au temps de Clotaire et de Dagobert. Cf. Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 416-418. — Au xvi* siècle, Agrippa de Nettesheym s'élèvera contre ceux qui, par une simple similitude de noms ou par une confusion de mots, établissaient une corrélation entre les saints et certaines maladies et prérogatives auxquelles ces derniers auraient présidé. « Sed ridendi sunt qui, a nominis similitudine et vocum consuetudine, et per similia futilia inventa, sanctis illa adscribunt, ut Germani caducum morbum Valentino, quia hoc nomen cadere signifîcat ; et Galli addicant hydropicos, ob vocis consimilem sonum... » De incei titiidine et vanitate scientiarum (1527), cap. Lvii. Rabelais ne fera qu'imiter son confrère Agrippa : « Saint Eutrope faisoit les hydropiques ; Saint Gildas les fous ; Saint Genou les gouttes. » Garg. (1535), I, 45. Cf. Bibl. nat. Baluze 213, fol. 10; Montaiglon, Recueil de poésies fr., t. VII, p. 180; X, p. ^04,etc.
V. 70. — Ainsi en preii^ue au feu Dauphin ! = « à l'ex-dauphin, au roi actuel. »
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