Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/257

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Ma faim mordit la poussière (insensé !) ;
Mais toi, mon âme, à Dieu, ton fiancé,
Tu peux demain te dire vierge encore.

Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !

Tu veilleras sur tes sœurs de ce monde,
De l’autre monde où Dieu nous tend les bras ;
Quand des enfants à tête fraîche et blonde
Auprès des morts joûront, tu souriras :
Tu souriras lorsque sur ma poussière
Ils cueilleront les saints pavots tremblants,
Tu souriras lorsqu’avec mes os blancs
Ils abattront les noix du cimetière…

Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !