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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/267

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pas même à sa jeune sœur Macaria, la confidente pourtant des douleurs de toute la famille ! À côté de lui, Macaria priait. Pardonnez-moi, ma sœur, d’avoir si longtemps oublié la vierge pour les héros. N’est-ce pas sa faute ? Voyez ! cachée à l’ombre de ses frères, elle fait tout pour qu’on l’oublie : elle n’a pas encore levé son voile, et ses traits vous sont inconnus ; mais vous l’aimez d’avance, n’est-ce pas ? car vous savez déjà qu’elle est pieuse et modeste.

On annonce enfin la pythie : toute brisée encore de ses dernières convulsions prophétiques, elle se traîne lentement jusqu’au trépied, appuyée sur deux prêtres d’Apollon. Voilà tout à coup qu’au fond du sanctuaire une porte s’ouvre à deux battants, et qu’une bouffée de vent s’en précipite, large et sonore, balayant la fumée des sacrifices et secouant sur l’assemblée cet avis sacramentel prononcé d’une voix tonnante : Le dieu ! voici le dieu ! Déjà la prophétesse dans la douleur s’agite sur le trépied, et l’on écoute. Ce furent d’abord des sanglots, puis des syllabes plaintives, des mots insaisissables. Enfin le dieu parla :


« Minerve combattra !… Sur son casque divin
« Le hibou dit : J’ai soif, et se débat en vain…
« Minerve appelle la Victoire…
« La Victoire est sa sœur, et ne la fuit jamais…
« Je l’entends : elle arrive à grand bruit d’ailes… mais
« Le hibou dit : J’ai soif, et veut du sang à boire.
« Argos attend ses rois pour les déifier :
« Tremble, Argos ! le hibou, dans son vol homicide,
« Tourne, et cherche un front pur qu’il faut sacrifier,
« Tourne, tourne et s’abat… Dieux ! sur un fils
d’Alcide ! »


À cette réponse si fatale pour les Héraclides, il n’y eut