il ; et, portant la main à son cœur, il tomba. La fièvre l’agita toute la nuit, et toute la nuit Macaria veilla et pleura près de la couche de son frère.
C’était le lendemain que les trois Héraclides devaient aller au temple interroger sur le choix de la victime. Ils se présentèrent à l’autel comme au combat : intrépides et insouciants. Après les cérémonies d’usage, répétition à peu près exacte de ce que nous avons vu à Delphes, un prêtre de Minerve ballotta les noms dans l’urne. Un enfant s’approcha, les yeux couverts d’un bandeau. Sa main effleurait déjà les bords du vase sacré pour en sortir bientôt avec un arrêt de mort… quand tout à coup une voix de femme retentit au seuil du temple.
« Arrêtez ! voici la victime ».
C’était Macaria qui s’avançait lentement vers l’autel ; Macaria pâle et parée, et balançant sur son beau front les bandelettes funèbres. Égyste s’élança vers elle : « Vous ici, ma sœur ! vous m’aviez promis de rester près d’Ixus ».
— Ixus ! dit-elle en étouffant un sanglot, Ixus est mort !… et maintenant rien ne m’empêche de mourir pour vous ».
Et elle poursuivit sa marche lente vers l’autel.
La foule applaudit, les Héraclides se résignèrent. À cette époque où l’on croyait voir la main des dieux derrière toutes les choses extraordinaires, on attribua naturellement à leur inspiration un dévouement si sublime. Aussi Macaria s’agenouilla-t-elle sans obstacle devant l’autel. Elle arrêta d’un geste le fer impatient du sacrificateur, pour jeter son dernier sourire à ses frères ; puis ferma les yeux, entr’ouvrit le voile qui couvrait son sein…
Et deux minutes après son corps palpitait sur l’autel.