lui chantant une romance que personne encore n’avait entendue. C’étaient, quand son départ fut décidé, ses adieux et ses plaintes qu’un jeune créole, son voisin, avait mis pour elle en vers et en musique :
Petit nègre, au champ qui fleuronne
Va moissonner pour ma couronne :
La négresse fuyant aux bois,
Marronne,
M’a prédit la grandeur des rois
Vingt fois.
Petit nègre, va, qui t’arrête ?
Serait-ce déjà la tempête
Qui doit effleurer si souvent
Ma tête,
Et jeter mon bonheur mouvant
Au vent ?
Las ! j’en pleure déjà la perte.
Adieu donc, pour la mer déserte,
La rivière des Trois-Ilets
Si verte,
Où dans ma barque aux blonds filets,
J’allais !
Adieu : les vents m’ont entraînée,
Ma patrie et ma sœur aînée !
La fleur veut mourir où la fleur
Est née,
Et j’étais si bien sur ton cœur,
Ma sœur !
Mais il est un âge où toutes les douleurs passent légères et fugitives, où la mélancolie du soir sèche au matin comme la rosée ; et Marie-Rose avait cet âge. Le lendemain, elle dansait