Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/161

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Vous connaiſſez le feu qui dévore mon ſein ;
Et pour verſer ſon ſang vous choiſissez ma main !

A T R É E.

Ce n’eſt pas la vertu, c’eſt donc l’amour, parjure,
Qui te force au refus de venger mon injure !
Voyons ſi cet amour, qui t’a fait me trahir,
Servira maintenant à me faire obéir.
Tu n’auras pas en vain aimé Théodamie :
Venge-moi dès ce jour, ou c’eſt fait de ſa vie.

P L I S T H È N E.

Ah ! Grands dieux !

A T R É E.

Ah ! Grands dieux !Tu frémis ; je t’en laiſſe le choix,
Et te le laiſſe, ingrat, pour la dernière fois.

P L I S T H È N E.

Ah ! Mon choix eſt tout fait dans ce moment funeſte ;
C’eſt mon ſang qu’il vous faut, non le ſang de Thyeſte.

A T R É E.

Quand l’amour de mon fils ſemble avoir fait le ſien,
Il ne m’importe plus de ſon ſang ou du tien.
Obéis cependant, achève ma vengeance ;
L’inſtant fatal approche, & Thyeſte s’avance :
S’il n’eſt mort lorſque enfin je reverrai ces lieux,
J’immole ſans pitié ton amante à tes yeux.