Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/64

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Puiſque le juſte ciel, de concert avec vous,
Semble ſur vos déſirs meſurer ſon courroux.
Tout vous livre à l’envi le fier Idoménée :
Par un arrêt des dieux ſa tête eſt condamnée ;
L’oracle la demande, & ce funeſte jour
Va le punir des maux que vous fit ſon retour.
Si vous voulez vous-même, achevant ſa diſgrâce,
Hâter le coup affreux dont le ciel le menace,
Répandez le ſecret qui vous eſt dévoilé ;
Et qu’Égéſippe en vain ne l’ait point révélé.
Du prince votre père ami toujours fidèle,
Vous voyez à quel prix il vous marque ſon zèle :
Imitez-le, madame, & qu’un ſang odieux
Par vos ſoins aujourd’hui ſe répande en ces lieux.
De l’intérêt des dieux faites votre vengeance,
Et d’un peuple expirant faites-en la défenſe ;
Montrez-lui ſon ſalut dans ce terrible arrêt :
Lui, vous, les dieux enfin, n’avez qu’un intérêt…
D’où vient que je vous vois interdite & tremblante ?
Craignez-vous d’exciter les plaintes d’Idamante ?

É R I X È N E.

Hélas ! Si près des maux où je vais le plonger,
Un ſeul moment pour lui ne puis-je m’affliger ?
Que veux-tu ? Je frémis du ſpectacle barbare
Que mon juſte courroux en ces lieux lui prépare :