Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/72

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Hé qui, ſeigneur, encore a pu vous informer ?
Ah ! Quoiqu’il ſoit trop vrai que j’adore Érixène…

I D O M É N É E.

Pourſuivez, dieux cruels ; ajoutez à ma peine :
Me voilà parvenu, par tant de maux divers,
À pouvoir défier le ciel & les enfers.
Je ne redoute plus votre courroux funeſte,
Impitoyables dieux ! Ce coup en eſt le reſte.
Sur mon peuple à préſent ſignalez vos fureurs ;
Et ſi ce n’eſt aſſez, verſez-les dans nos cœurs.
Voyez-nous tous les deux, ſaisis de votre rage,
Égorgés l’un par l’autre, achever votre ouvrage.
Par de nouveaux dangers arrachez-moi des vœux :
Me ferez-vous jamais un ſort plus rigoureux ?

I D A M A N T E.

Où s’égare, ſeigneur, votre âme furieuſe ?
Érixène ceſſait de vous être odieuſe,
Diſiez-vous ; & pour elle un reſte de pitié
Semblait vous dépouiller de toute inimitié.
Haïriez-vous toujours cet objet adorable ?

I D O M É N É E.

Si je le haïſſais, ſeriez-vous ſi coupable ?
Ô de tous les malheurs malheur le plus fatal !