Page:Œuvres de Robespierre.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reste de la société ; que c’était là où se trouvait encore le courage de la vérité, qui osait réclamer les droits du faible opprimé contre les crimes de l’oppresseur puissant ; enfin ces sentiments généreux qui n’ont pas peu contribué à une révolution, qui ne s’est faite dans le gouvernement que parce qu’elle était préparée dans les esprits. Si la loi avait mis au droit de défendre la cause de ceux qui veulent nous la confier, une certaine restriction, en exigeant un cours d’études dégénéré presque entièrement en formalité, elle semblait s’être absoute elle-même de cette erreur par la frivolité évidente du motif… En dépit des maximes qui jusqu’à ce moment avaient paru le résultat d’une profonde sagesse, vous convenez tous que, sous aucun prétexte, pas même sous le prétexte d’ignorance, d’impéritie, la loi ne peut interdire aux citoyens la liberté de défendre eux-mêmes leur propre cause. » S’attaquant alors directement au plan de l’arrêté : « Voilà, continua-t-il, les privilèges que vous avez proscrits rétablis sur la ruine du droit le plus sacré de l’homme et du citoyen ; voilà, en dépit du décret qui proscrit jusqu’au costume des gens de loi, par la raison qu’ils ne doivent point former une classe particulière, voilà le corps des gens de loi récréé sous une forme beaucoup plus vicieuse que l’ancienne !… Chez quel peuple libre a-t-on jamais conçu l’idée d’une pareille institution ? Ces citoyens illustres qui, en sortant des premières magistratures, où ils avaient sauvé l’État, venaient devant les tribunaux sauver un citoyen opprimé, avaient-ils pris l’attache des édiles, ou des juges qu’ils venaient éclairer ? Les Romains avaient-ils des tableaux, des concours et des privilèges ? Quand Cicéron foudroyait Verrès, avait-il été obligé de postuler un certificat auprès d’un directoire et de faire un cours de pratique chez un homme de loi ? Oh ! les Verrès de nos jours peuvent être assez tranquilles ; car le système du comité n’enfantera pas des Cicérons. Ne vous y trompez pas, on ne va point à la liberté par des routes diamétralement