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Page:Œuvres de Robespierre.djvu/88

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que des crimes commis dans la journée du 10 août… C’est trop restreindre la vengeance du peuple… Les plus coupables des conspirateurs n’ont point paru dans la journée du 10… Ces hommes qui se sont couverts du masque du patriotisme pour tuer le patriotisme ; ces hommes qui affectaient le langage des lois pour renverser toutes les lois ; et Lafayette, qui n’était peut-être pas à Paris, mais qui pouvait y être ; ils échapperaient donc à la vengeance nationale ! Ne confondons plus les temps. Voyons les principes, voyons la nécessité publique, voyons les efforts que le peuple a faits pour être libre. Il faut au peuple un gouvernement digne de lui… Nous vous prions de nous débarrasser des autorités constituées en qui nous n’avons point de confiance, d’effacer ce double degré de juridiction qui, en établissant des lenteurs, assure l’impunité ; nous demandons que les coupables soient jugés par des commissaires pris dans chaque section, souverainement et en dernier ressort. » Conformément à cette demande, un tribunal extraordinaire fut institué pour juger les conspirateurs, duquel Robespierre fut élu président, en même temps qu’il était appelé à faire partie du conseil de justice auprès du ministre de ce département. Il donna immédiatement sa démission des fonctions de président du tribunal, en disant qu’il ne pouvait être juge de ceux qu’il avait dénoncés, et qui « s’ils étaient les ennemis de la patrie s’étaient aussi déclarés les siens. » D’ailleurs, l’exercice de ces nouvelles fonctions était incompatible avec celles de représentant de la Commune, et il était convaincu que c’était à ce dernier poste « qu’il devait actuellement servir la patrie[1] »

La Convention fut installée le 21 septembre. Dès les premières séances (le 25 septembre), Rebecqui dénonce Robespierre comme le chef d’un parti qui aspire à la dictature ; Barbaroux l’appuie. Voici comment Robespierre lui-même

  1. Lettre insérée dans le Moniteur du 28 août 1792.