Page:Œuvres de Robespierre.djvu/89

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résume, en substance, sa réponse à Rebecqui, dans le Tableau des opérations de la Convention nationale publié à la suite des Lettres à ses commettants : « Je commence par remercier nos accusateurs. La calomnie sert la chose publique lorsqu’elle se démasque par sa propre adresse. Vous n’attendez pas, sans doute, que je m’abaisse à me justifier d’une inculpation contradictoire et extravagante, dont ceux-mêmes, qui ont consenti à en être l’organe, rougissent déjà, j’en suis sûr ; car j’aime à leur croire quelque pudeur. La seule justification qui pourrait me convenir serait ma vie entière. Celui qui, non content de défendre les principes de l’égalité et les droits du peuple contre toutes les factions qui se sont succédé, a repoussé, loin de lui, tous les objets de l’ambition et les récompenses même du patriotisme par le double décret qui interdisait aux membres de l’Assemblée constituante, et l’accès du ministère, et l’entrée de la seconde législature ; celui-là, dis-je, ne peut être réduit à se disculper du reproche d’une ambition coupable autant qu’insensée. Je ne puis pas même appeler des calomniateurs, les hommes en délire qui ont présenté cette idée. Quand ces hommes pourraient concevoir quelque possibilité d’attacher les quatre-vingt-trois départements qui composent cet empire immense, au joug d’un simple citoyen sans trésors, sans armées, sans autorité, qui compte autant d’ennemis qu’il existe en France d’aristocrates et d’intrigans, connaissent-ils quelque moyen de faire qu’un défenseur de la liberté voulût descendre jusqu’à la dictature, c’est-à-dire, jusqu’à la puissance absolue ? Autant vaudrait dire que les destructeurs des rois pourraient consentir à se souiller, en s’asseyant sur un trône. » Quelques voix se font entendre : « Robespierre ne nous parle point de ta vie passée, contente-toi de nier le fait qu’on t’impute. » « Qu’ai-je fait autre chose que le nier ? Je n’en avais pas besoin sans doute ; car, pense-t-on que je me regarde ici comme accusé ? Non, ce serait à moi d’accuser. Car, qu’est-ce autre chose que cette