lumière. La méthode de conclure par analogie est en histoire, comme partout, un puissant secours ; mais il faut qu’elle soit justifiée par l’importance du but et employée avec autant de circonspection que de jugement.
L’esprit historique ne peut pas longtemps s’occuper des matériaux du monde, sans qu’il s’éveille en lui un nouvel instinct qui tend à l’harmonie, qui l’excite irrésistiblement à assimiler tout ce qui l’entoure à sa propre nature raisonnable, et à élever tout phénomène qui s’offre à lui à la plus haute puissance qu’il ait reconnue, à la pensée. Plus il a renouvelé l’essai de rattacher le passé au présent, et plus il y a réussi : plus il est porté à unir comme moyen et intention finale ce qu’il voit s’enchaîner comme cause et effet. Peu à peu les phénomènes se dérobent, l’un après l’autre, à l’aveugle hasard, à la liberté anarchique, pour se coordonner, comme des membres assortis, en un tout concordant, qui toutefois n’existe que dans l’idée de celui qui le construit. Bientôt, il lui devient difficile de se persuader que cette suite de phénomènes, qui, dans sa pensée, a prit tant de régularité et de tendance à un but, démente ces qualités dans la réalité ; il lui devient difficile de replacer sous l’aveugle domination de la nécessité ce qui, à la lumière de l’intelligence, qu’il lui prêtait, commençait à prendre une forme si attrayante. Il tire donc de lui même cette harmonie et la transplante, hors de lui, dans l’ordre des choses extérieures, c’est à dire qu’il porte dans la marche du monde un but raisonnable, et un principe téléologique dans l’histoire du monde. Il la parcourt de nouveau avec ce principe, qu’il applique et essaye sur chacun des phénomènes que lui offre ce grand théâtre. Il le voit confirmé par mille faits qui s’accordent avec lui, et contredit par autant d’autres ; mais, tant que, dans la série des révolutions du monde, il manque encore des chaînons importants, tant que la destinée lui dérobe encore sur un si grand nombre d’évènements l’explication dernière, il tient la question pour non résolue, et cette opinion l’emporte à ses yeux qui peut offrir à l’entendement la plus haute satisfaction et au cœur la plus haute félicité.
Il n’est pas besoin de vous avertir, je pense, qu’une histoire universelle, d’après ce dernier plan, ne sera possible que dans