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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/260

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s’écrie le comte, et il demeure anéanti, Dieu lui-même au ciel a jugé. »

Et, avec une bonté que jamais il n’a témoignée, il prend la main du serviteur ; profondément ému, il le mène à son épouse, qui n’y comprenait rien : « Cet enfant, nul ange n’est si pur, qu’il soit recommandé à vos bonnes grâces ! En vain l’on m’a donné de perfides conseils ; Dieu et ses légions sont avec lui. »


LA CAUTION[1]


Damon[2], un poignard sous sa robe, s’est glissé près du tyran Denys ; les satellites le jettent dans les fers : « Que voulais-tu, armé de ce poignard ! parle ! s’écrie le furieux, d’un air sombre. — Délivrer la ville du tyran. — Tu expieras ton crime sur la croix.

— Je suis prêt à mourir, dit Damon, et ne demande pas la vie ; mais si tu veux m’accorder une grâce, donne-moi, je t’en prie, trois jours, le temps d’unir ma sœur à son fiancé. Je te laisse mon ami pour caution ; tu peux, si je t’échappe, le faire mourir. »

Le roi sourit avec une perfide malice, réfléchit un instant et

  1. Composée en 1798, et publiée d’abord dans l’Almanach des Muses de 1799.
  2. Au lieu de « Damon, la première édition a « Mœros. »