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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/279

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LE CHANT DE LA CLOCHE. 249

l’a créée. Planant dans les airs, bien au-dessus de l’humble vie terrestre, qu’elle se balance, voisine du tonnerre, sous la tente azurée des cieux, et confine au monde des étoiles. Qu’elle soit une voix d’en haut, comme le chœur éclatant des astres, qui, dans leur marche, louent leur créateur, et conduisent l’année parée de sa couronne. Que sa bouche d’airain ne soit consacrée qu’aux pensées graves et éternelles, et que d’heure en heure, de ses ailes rapides, le temps l’effleure dans son Vol. Qu’elle prête sa voix au destin ; que, sans cœur elle-même et sans sympathie, elle accompagne de ses vibrations le jeu inconstant de la vie. Comme le son puissant qu’elle laisse échapper frappe l’oreille, puis expire, qu’ainsi elle enseigne que rien ne demeure, que toute chose terrestre s’évanouit.

Maintenant, avec le secours du câble, tirez-moi de la fosse la cloche vacillante : qu’elle monte dans l’empire du son, dans l’air céleste ! Tirez, tirez, levez ! Elle se meut et flotte ; que ses premiers sons annoncent la joie à cette ville et soient le signal de la paix !

LA PROMENADE1.

Salut, ô ma montagne, avec ton sommet rayonnant de pourpre ! Salut, ô soleil, toi qui le colores d’une si aimable lumière ! Toi aussi, je te salue, campagne animée, et vous, tilleuls 1. Ce poème, qui paraît avoir été inspiré en partie par les souvenirs du paysage qui s’étend de Stuttgart à Hohenheim, fut d’abord inséré, sous le titre d’Élégie, dans les Heures de 1795. Ce titre d’Élégie convenait au mètre de la pièce, qui est en distiques, et en outre Schiller avait voulu faire de ce tableau un modèle du genre de descriptions et de la nature d’idées et de sentiments qu’il croyait propres à la poésie élégiaque.