qui ordonne en bel ensemble de danse les bonds désordonnés ; qui, pareil à Némésis[1], dirige avec le frein d’or du rythme la bruyante allégresse, et apprivoise sa fougue.
Et c’est en vain que pour toi retentissent les harmonies de l’univers ? Le torrent de ce sublime concert ne te saisit-il pas ? ni la cadence ravissante que tous les êtres te marquent ? ni le tourbillon de la danse qui, à travers l’éternel espace, lance de brillants soleils dans les routes hardiment entrelacées ? Ce que tu respectes pourtant dans le jeu, tu le fuis dans l’action : la mesure !
PLAINTE DE CÉRÈS[2].
L’aimable printemps a-t-il paru ? La terre s’est-elle rajeunie ? Les collines verdissent au soleil, et l’écorce de glace se brise. Dans le bleu miroir des fleuves Jupiter[3] sourit sans nuages ; les ailes du zéphyr s’agitent plus doucement ; les jeunes branches poussent des bourgeons. Les chants s’éveillent dans le bocage, et l’Oréade me dit : « Tes fleurs reviennent ; ta fille ne revient pas. »
Ah ! qu’il y a longtemps que j’erre, la cherchant ici-bas, à tra vers les campagnes ! Titan, j’ai envoyé tous tes rayons à la dé couverte de cette trace chérie : nul encore ne m’a donné des nou velles de ses traits bien-aimés ; et le Jour, qui trouve tout, n’a point trouvé celle que j’ai perdue. Ô Jupiter, me l’as-tu ravie ? Touché de ses charmes, Pluton l’a-t-il entraînée aux sombres fleuves des enfers ?