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Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/351

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Ce que nous apprêtons sur l’autel domestique, n’est qu’un pale breuvage ; ce que forme et anime la nature brille d’un éternel éclat.

Mais nous puisons avec joie dans la coupe la liqueur terne : l’art aussi est un don du ciel, bien qu’il emprunte sa flamme à un foyer terrestre.

L’immense empire des forces est ouvert à son action : formant avec le vieux du neuf, il s’égale au Créateur.

Le faisceau même des éléments se rompt à sa voix souveraine ; avec des flammes terrestres[1], il imite le céleste dieu du soleil.

Au loin, vers les îles Fortunées, il dirige la course des navires ; et les fruits d’or du Midi, il les débarque à monceaux dans le Nord.

Que cette liqueur de feu nous soit donc un signe et un emblème de ce que l’homme peut conquérir par la volonté et la force.


POÉSIE DE LA VIE[2].


À ***


« Qui voudrait se repaître de fantômes , qui revêtent la vie d’un éclat emprunté et abusent l’espérance par une possession

  1. Variante : « Avec les flammes du foyer. »
  2. Cette épître, composée en 1795, parut d’abord dans l’Almanach des Muses de 1799.