lune jette sa lueur pâle, d’un bleu argent, et terrible, comme un dieu présent, brille à travers l’obscurité de la voûte, sous son long voile, la statue.
Il approche d’un pas incertain ; déjà sa main téméraire veut toucher le tissu sacré, alors un frisson glace et brûle ses os et il se sent repoussé par un bras invisible. « Malheureux, que veux-tu faire ? » Ainsi crie en lui-même une voix fidèle. « Tu veux tenter le saint des saints ? Nul mortel, dit la bouche de l’oracle, n’écartera ce voile, que je ne le lève moi-même. » Mais la même bouche ne dit-elle pas aussi : Qui lève ce voile, verra la vérité ? « Qu’il y ait derrière ce qu’on voudra ! je le lève ! » Il crie à haute voix : « Je veux la voir. » Voir ! Lui répond un long écho moqueur.
Il dit et a levé le voile. « Eh bien ? » demandez vous, « et que vit-il donc ? » Je ne sais pas. Sans connaissance et pâle, ainsi le trouvèrent au jour suivant les prêtres étendu devant le piédestal d’Isis. Ce qu’il avait en ce lieu vu et appris sa langue jamais ne l’a confessé. Pour toujours la sérénité de sa vie s’évanouit, un profond chagrin l’entraîna vers un tombeau précoce. « Malheur à qui, » c’était sa mise en garde, quand d’avides questionneurs le pressaient, « Malheur à qui va à la vérité par une voie coupable : elle ne sera jamais pour lui réjouissante. »
LE PARTAGE DE LA TERRE[1].
« Prenez le monde ! cria Jupiter aux hommes du haut de son Olympe, prenez, qu’il soit à vous ! J’en fais votre héritage, votre fief éternel ; mais partagez-le en frères. »
- ↑ Cette pièce est de 1795. Elle fut insérée dans les Heures de cette année, sans nom d’auteur, et diverses personnes l’attribuèrent d’abord a Goethe.