entourage. Aussi doucement que s’enlacent les lignes des plus gracieuses images, et qu’autour de lui se fondent en un seul ensemble les contours délicats des objets, aussi doucement s’exhale et fuit le souffle léger de sa vie. Son esprit se perd dans l’océan d’harmonie dont les flots enveloppent délicieusement ses sens, et la pensée, par une insensible fusion, s’unit à la déesse de beauté partout présente. Dans un sublime accord avec la destinée, s’appuyant, calme et doux, sur les Grâces et les Muses, il offre sa poitrine au trait qui le menace, et reçoit, résigné, le coup qui part de l’arc bienveillant de la nécessité.
Intimes favoris de l’heureuse harmonie, compagnons qui nous réjouissez à travers l’existence, vous le plus cher, le plus noble présent que nous ait donné, pour embellir notre vie, celle qui nous donna la vie même ! si maintenant l’homme, délivré du joug, a la pensée de ses devoirs, s’il aime la chaîne qui le guide, si le hasard ne lui commande plus avec son sceptre d’airain, vous en êtes récompensés par votre immortalité et par le sublime salaire que vous trouvez dans votre cœur. Si, autour de la coupe où coule pour nous la liberté, folâtrent gaiement les dieux de la joie, et se file gracieusement le plus aimable rêve, recevez, pour ce bienfait, nos plus tendres embrassements.
Le génie brillant et serein qui entoura de charme la nécessité, qui ordonne à son éther, à sa voûte étoilée de nous servir avec grâce, ce génie qui, lors même qu’il épouvante, ravit encore par le sublime, et se pare même pour détruire : le suprême artiste : voilà le modèle que vous imitez. Comme sur le miroir argenté du ruisseau flottent et dansent les rives variées, la pourpre du couchant, la campagne fleurie, ainsi sur l’indigente existence brille le monde riant des ombres que crée la poésie. Vous nous amenez, vêtue en fiancée, la redoutable inconnue, la Parque inflexible. Comme vos urnes cachent les ossements, de même vous couvrez d’un voile aimable le chœur horrible des soucis. J’ai parcouru d’un prompt regard des milliers d’années, l’immense empire du monde ancien : comme l’humanité