Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/492

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Les hirondelles, qui aiment au printemps, s’envolent quand souffle le vent du nord. Ton automne chassera tes amants ; tu as dédaigné un ami.

Déjà, dans les ruines de ta beauté, je te vois marcher solitaire, et jeter en arrière un regard mouillé de larmes sur la scène fleurie de ton beau mois de mai. Ceux qui d’une ardeur avide, amoureuse, volaient au-devant de tes baisers, n’ont plus que des huées pour tes charmes flétris, qu’un rire de dédain pour ton hiver.

C’est ta beauté qui a gâté ton cœur, c’est ton joli minois ! Rougis de honte ! demain son éclat s’éteindra, ses roses s’effeuilleront. Ah ! comme alors je te raillerai ! Te railler ? Dieu m’en garde ! Je pleurerai des larmes amères, Minna ! je pleurerai sur toi !


LA FORTUNE ET LA SAGESSE[1].


Brouillée avec un de ses favoris, la Fortune, un jour, vola vers la Sagesse : « Je t’offre mes trésors, lui dit-elle, sois mon amie !

« Je l’avais comblé, en tendre mère, de mes dons les plus riches, les plus beaux. Et vois ! il en veut toujours davantage, et me traite encore d’avare.

« Viens, ma sœur, soyons amies ! Tu t’épuises à ta charrue. Je veux verser dans ton sein mes trésors. Tiens , il y en a assez pour toi et pour moi. »

  1. Publié d’abord dans l’Anthologie, et modifié plus tard, presque à chaque vers, dans les trois dernières strophes.