Page:Œuvres de Spinoza, trad. Appuhn, tome I.djvu/281

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vra alors être connue par sa seule essence ; si, au contraire, une chose n’existe pas en soi mais requiert une cause pour exister, alors elle doit être connue par sa cause prochaine ; car en réalité connaître l’effet[1] n’est pas autre chose qu’acquérir une connaissance plus parfaite de la cause. Nous ne devrons donc jamais, tant qu’il s’agira d’étudier les choses réelles, tirer des conclusions de concepts abstraits et nous prendrons grand garde à ne pas mêler ce qui est seulement dans l’entendement avec ce qui est dans la réalité. Mais la conclusion la meilleure est celle qui se tirera d’une essence particulière affirmative, ou d’une définition vraie et légitime. Car des seuls axiomes universels l’entendement ne peut descendre aux choses singulières, puisque les axiomes s’étendent à l’infini et ne peuvent déterminer l’entendement à considérer une chose singulière plutôt qu’une autre. La voie droite pour inventer est donc de former des pensées en partant d’une définition donnée, ce que nous ferons avec d’autant plus de succès et de facilité que nous aurons mieux défini une chose. Ainsi le point capital en toute cette deuxième partie de la méthode consiste en ceci seulement : connaître les conditions d’une bonne définition, et ensuite donner le moyen d’en trouver. Je traiterai donc en premier lieu des conditions de la Définition.

(51) Pour qu’une définition soit dite parfaite elle devra exprimer l’essence intime de la chose et nous prendrons garde qu’à la place de cette essence, nous ne mettions certaines propriétés de la chose. Pour éclair-

  1. Notons cette conséquence que nous ne pouvons rien connaître de la Nature sans rendre en même temps plus étendue notre connaissance de la première cause, c’est-à-dire de Dieu.