Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/261

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second livre d’Hezras. Maintenant qu’il est établi que les quatre livres de Daniel, d’Hezras, d’Esther et de Néhémias sont du même auteur, on me demandera quel est cet auteur. J’avoue franchement que je n’en sais rien, et je n’ai même à proposer sur ce point aucune conjecture. Mais, dira-t-on, de quelle source l’auteur, quel qu’il soit, de ces quatre livres a-t-il pu tirer les récits historiques qui les remplissent, et dont il a peut-être écrit lui-même la plus grande partie ? Je ferai remarquer ici que les chefs ou princes des Juifs, à l’époque du second temple, avaient, comme les rois au temps du premier, des scribes ou historiographes, qui étaient chargés d’écrire les annales de l’empire et de consigner la chronologie des événements. Ainsi dans les livres des Rois nous trouvons souvent citées les annales ou la chronologie de leur règne. De même les annales des princes et des pontifes sont citées dans Néhémias (chap. XII, vers. 23) et dans les Machabées (liv. Ier, chap. XVI, vers. 14). Il n’y a donc aucun doute que ce livre des annales ne soit celui dont nous parlions tout à l’heure (voyez Esther, chap. IX, vers. 31), où devaient se trouver l’édit d’Esther et l’histoire de Mardochée, et qui a péri, comme nous en sommes tombés d’accord avec Aben Hezra. Et il résulte de là que tous les récits historiques contenus dans les quatre livres de Daniel, d’Hezras, d’Esther et de Néhémias ont été tirés de ce livre des annales, puisque c’est le seul qui soit cité dans les quatre autres, et le seul aussi qui eût, à notre connaissance, le caractère et l’autorité d’un document public. Si maintenant on veut avoir la preuve que ces quatre livres n’ont pas été écrits par Hezras ni par Néhémias, il suffit de considérer que dans Néhémias (chap. XII, vers. 9 et 10) la généalogie du grand pontife Jésuhga est continuée jusqu’à Jaduah, le sixième pontife, celui qui alla au-devant d’Alexandre, à l’époque où l’empire des Perses était déjà presque entièrement abattu (voyez Josèphe, Antiquités, liv. XI, chap. VIII ; voyez aussi Philon le Juif, qui, au livre des Temps, appelle