Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/262

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Jaduah le sixième et dernier pontife qui ait exercé le sacerdoce sous la domination des Perses). De plus, dans ce même chapitre de Néhémias, on lit au verset 22 : Quant aux Lévites qui étaient du temps d’Eljasib, de Joïada, de Jonathan et de Jaduah, les noms des chefs de famille et des prêtres ont été écrits au-dessus[1] du règne de David. C’est dans les chronologies que ces noms avaient été écrits. Or, je ne pense pas que personne soutienne qu’Hezras ou Néhémias[2] aient vécu assez longtemps pour voir mourir quatorze rois des Perses. Cyrus est, en effet, le premier de ces rois qui ait permis aux Juifs de rebâtir leur temple, et depuis cette époque jusqu’à Darius, quatorzième et dernier roi des Perses, on compte plus de 230 années. Je regarde donc comme une chose certaine que ces livres ont été écrits longtemps après que Judas Machabée eut rétabli le culte du temple ; et ce qui me le fait croire, c’est qu’à cette époque on voit se répandre de faux livres de Daniel, d’Hezras et d’Esther, fabriqués dans des vues perfides par des hommes qui appartenaient sans doute à la secte des saducéens ; car les pharisiens n’ont jamais, que je sache, reconnu l’autorité de ces faux livres. Et bien qu’on rencontre au livre qu’on nomme le quatrième d’Hezras de certaines fables qui se trouvent également dans le Talmud, ce n’est point une raison pour les attribuer aux pharisiens, puisqu’il n’y a personne parmi eux, sauf quelques entêtés absolument stupides, qui ne tombent d’accord que ces fables ont été introduites après coup dans le texte par une moquerie sacrilège, ou, à ce que je crois, avec l’intention de rendre leurs traditions ridicules. Une autre raison qu’on peut donner de la publication des livres dont il s’agit à l’époque que j’ai assignée, c’est qu’on avait alors intérêt à montrer au peuple que les prophéties de Daniel s’étaient accomplies,

  1. À moins qu’au-dessus de ne soit pris dans le sens d’avant, il faut croire que le copiste a fait ici une erreur et qu’il a confondu le mot hébreu qui veut dire au-dessus de avec celui qui signifie jusques à. (Note de Spinoza.)
  2. Voyez les Notes marginales de Spinoza, note 24.