Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/276

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seigner et d’apprendre aux hommes les voies que chacun des apôtres a jugées les meilleures pour les confirmer dans la religion. Maintenant il est bon de se rappeler ce que nous avons dit tout à l’heure, que les apôtres avaient reçu non-seulement le pouvoir de prêcher l’histoire du Christ en tant que prophètes, c’est-à-dire de la confirmer par des signes, mais aussi l’autorité de choisir pour leur enseignement les moyens que chacun d’eux estimerait les meilleurs : c’est ce double don que Paul indique clairement dans son Épître I à Timothée (chap. I, vers. 11) : En quoi j’ai été institué héraut, apôtre et docteur des gentils. Et dans la même au même (chap. II, vers. 7) : De qui j’ai été institué héraut et apôtre (je dis la vérité au nom du Christ, je ne mens pas) et docteur des nations dans la foi (N. B.) et dans la vérité. Ces passages, je le répète, montrent clairement la double apologie de l’apostolat et du doctorat ; quant à l’autorité de donner des ordres en toute circonstance et à tous, elle est prouvée en ces termes dans l’Épître à Philémon, verset 8 : Quoique j’aie un grand pouvoir en Jésus-Christ de te prescrire ce qui sera convenable, cependant, etc., où il faut remarquer que, si Paul eût reçu de Dieu en tant que prophète, et dû prescrire à ce titre à Philémon ce qu’il lui fallait prescrire, il ne lui eût certainement pas été permis de changer en simple prière le précepte formel de Dieu. Il faut donc admettre de toute nécessité qu’il parle du pouvoir qui lui était attribué en tant que docteur et non en tant que prophète. Cependant il ne résulte pas de là assez clairement que les apôtres aient pu choisir la manière d’enseigner que chacun d’eux aurait jugée la meilleure, mais seulement qu’en vertu de leur apostolat ils étaient à la fois apôtres et docteurs ; à moins que nous n’ayons ici recours à la raison, qui montre parfaitement que celui qui a l’autorité d’enseigner a aussi celle de choisir à cette fin les moyens les plus convenables. Mais il vaut mieux démontrer tout cela par l’Écriture seule. Il résulte évidemment en effet de l’Écriture que chaque apôtre choisit