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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/159

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VIII
La limace baveuse argente la muraille
Dont la pierre se gerce et dont l’enduit s’éraille ;
Les lézards verts et gris se logent dans les trous,
Et l’on entend le soir sur une note haute
Coasser tout auprès la grenouille qui saute,
Et râler aigrement les crapauds à l’œil roux.
— Aussi, pendant les soirs d’hiver, la nuit venue,
Surtout quand du croissant une ouateuse nue
Emmaillotte la corne en un flot de vapeur,
Personne, — non pas même Eisenbach le ministre, —
N’ose passer devant ce repaire sinistre
Sans trembler et blêmir de peur.


IX
De ces dehors riants l’intérieur est digne :
Un pandémonium ! Où sur la même ligne,
Se heurtent mille objets fantasquement mêlés.
— Maigres chauves-souris aux diaphanes ailes,
Se cramponnant au mur de leurs quatre ongles frêles,
Bouteilles sans goulot, plats de terre fêlés,
Crocodiles, serpents empaillés, plantes rares,
Alambics contournés en spirales bizarres,
Vieux manuscrits ouverts sur un fauteuil bancal,
Foetus mal conservés saisissant d’une lieue
L’odorat, et collant leur face jaune et bleue
Contre le verre du bocal !