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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/185

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LX
Un front impérial d’artiste et de poëte,
Occupant à lui seul la moitié de la tête,
Large et plein, se courbant sous l’inspiration,
Qui cache en chaque ride avant l’âge creusée
Un espoir surhumain, une grande pensée,
Et porte écrit ces mots : — force et conviction. —
Le reste du visage à ce front grandiose
Répondait. — Cependant il avait quelque chose
Qui déplaisait à voir, et, quoique sans défaut,
On l’aurait souhaité différent. — L’ironie,
Le sarcasme y brillait plutôt que le génie ;
Le bas semblait railler le haut.


LXI
Cet ensemble faisait l’effet le plus étrange ;
C’était comme un démon se tordant sous un ange,
Un enfer sous un ciel. — Quoiqu’il eût de beaux yeux,
De longs sourcils d’ébène effilés vers la tempe,
Se glissant sur la peau comme un serpent qui rampe,
Une frange de cils palpitants et soyeux,
Son regard de lion et la fauve étincelle
Qui jaillissait parfois du fond de sa prunelle
Vous faisaient frissonner et pâlir malgré vous.
— Les plus hardis auraient abaissé la paupière
Devant cet œil méduse à vous changer en pierre,
Qu’il s’efforçait de rendre doux.