Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/198

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LXXXVI
Il eût pu retourner chez lui, — mais l’aventure
Était réellement bizarre et de nature
À piquer jusqu’au vif la curiosité ;
Aussi notre héros voulut-il la poursuivre.
L’on arrive. — Don Juan prend le marteau de cuivre
D’une poterne et frappe avec autorité.
Des yeux noirs, des fronts blancs, sous les vitres flamboient,
La maison s’illumine, et des lueurs tournoient
Aux flancs sombres des murs. — De palier en palier
La lumière descend, — la porte en bronze s’ouvre,
L’intérieur splendide et vaste se découvre
À l’œil du jeune cavalier.


LXXXVII
Un petit négrillon qui tenait une torche
De cire parfumée, attendait sous le porche.
Sa livrée écarlate, avec des galons d’or,
Était riche et galante. — Allons, dit Juan, beau page
Conduisez ce seigneur par le secret passage.
Albertus le suivit. — Au bout d’un corridor
Une courtine rouge à demi relevée
Se referme sur lui ; — flairant son arrivée,
Deux grands lévriers blancs, couchés sur le tapis,
Hument l’air autour d’eux, lèvent leur longue tête,
Poussent entre leurs dents une plainte inquiète,
Et puis retombent assoupis.