Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/273

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Tourne un maigre brouet au fond d’un grand chaudron.
L’épine de son dos est collée à son ventre,
Son épaule est convexe, et sa poitrine rentre ;
Elle a des sourcils gris mêlés de longs poils blancs ;
Comme un bissac de pauvre, à chacun de ses flancs
Sa mamelle s’allonge et passe la ceinture ;
On peut compter les fils de sa robe de bure,
Et, quoiqu’elle soit riche à payer vingt palais,
Ses manches laissent voir ses coudes violets ;
Elle claque du bec comme fait la cigogne ;
Et quand elle remue et vaque à sa besogne,
On entend ses os secs à chaque mouvement,
Comme un gond mal graissé, rendre un sourd grincement.


III



Ah ! race de corbeaux, ignoble bande noire,
Hyènes du passé, vrais chakals de l’histoire,
C’est vous qui disputez dans les tombeaux ouverts,
Pour prendre leur linceul, les trépassés aux vers,
Et qui ne laissez pas debout une colonne
Sur la fosse d’un siècle où pendre sa couronne.
Par la vie et la mort, par l’enfer et le ciel,
Par tout ce que mon cœur peut contenir de fiel,
Soyez maudits !

Jamais déluge de Barbares,
Ni Huns, ni Visigoths, ni Russes, ni Tartares,
Non, Genseric jamais, non, jamais Attila,
N’ont fait autant de mal que vous en faites là.
Quand ils eurent tué la ville aux sept collines,