Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/98

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Les parfums les plus doux et les plus belles fleurs
Perdoient en un instant leurs charmantes odeurs;
Tous ces mets savoureux dont je chargeois ma table
Ne m’ont jamais offerts qu’un plaisir peu durable,
Oublié le jour même et suivi de regrets.
Mais de ces jours heureux, Xanthus, et de ces veilles
Où de savans discours ont charmé mes oreilles,
Il m’en reste des fruits qui ne mourront jamais.
CALLIMAQUE, traduction de La Porte Duteil.

Vous voyez bien que j’ai mille choses à dire.
Hernani.



Ne t’en va pas, Eugène, il n’est pas tard, la lune
À l’angle du carreau, sur l’atmosphère brune
N’a pas encor paru: nous causerons un peu,
Car causer est bien doux le soir, auprès du feu,
Lorsque tout est tranquille et qu’on entend à peine
Entre les arbres nus glisser la froide haleine
De la brise nocturne, et la chauve-souris
En tournoyant dans l’air pousser de faibles cris.
Reste; nous causerons de quelque jeune fille,
Dont la lèvre sourit, dont la prunelle brille,
Et que nous avons vue, en promenant un jour,
Passer devant nos yeux comme un ange d’amour;
De nos auteurs chéris, Victor et Sainte-Beuve,
Aigles audacieux, qui d’une route neuve