Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/240

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II



Si ce n’était cette voix du tombeau
–––Qui vient chuchoter à la joie,
Ce corps charmant, ce visage si beau,
–––Ce soir des vers seraient la proie ;
Si ce n’était cette amertume au cœur,
Dans cette vie, oh ! combien de bonheur !
Comme mon âme, à l’absorber avide,
Ne quitterait la coupe d’or que vide !
Dieu je serais, changeant la terre en cieux,
Si le plaisir pouvait faire les dieux !

III

 
Aussi loin qu’aux clartés du plus limpide azur
Que jamais sur la sphère ait tendu le ciel pur,
L’œil saisit des objets les formes apparues,
On découvre toujours des jardins et des rues
Marquant de leurs piliers des parcours infinis,
Des temples, vaste amas de marbres, de granits,
Des palais de porphyre énormes et splendides,
Et, s’élançant des eaux, de hautes pyramides
Plus vieilles que le temps, et dont l’Éternité
N’ébrèchera jamais le profil respecté.