mité; ceux que nous croyons nos amis sont assez souvent
les derniers a nous accorder leur aven. On a toujours dit
que personne n'a créance parmi les siens; pourquoi? parce
que les plus grands hommes ont eu leurs progrès comme
nous; ceux qui les ont connus dans les imperfections de
leurs commencements, se 'les représentent toujours dans
cette première faiblesse, et ne peuvent souffrir qu'ils sor-
tent de légalité imaginaire ou ils se croyaient avec eux: '
mais les étrangers sont plus justes, et enfin le mérite et le
courage triomphent de tout.
2. —snn ca ous Les raumzs arrntnnur ou nourri: maman.
'Etes-vous bien aise de savoir, mon cher ami, ce que
bien des femmes appellent quelquefois un homme aimable?
C’est un homme que personne n' aime, qui lui-meme n’aime ·
que soi et son plaisir, et en fait profession avec impu-
dence; un homme par conséquent inutile aux autres hom-
mes, qui pese a la petite société qu'il tyrnnnise, qui est
vain, avantageux, méchant même par principes; un esprit
léger et frivole, qui n'a point de goût décidé; qui n’estime
les choses et ne les recherche jamais pour elles-memes,
mais uniquement selon la considération qu'il y croit atta-
chée, et fait tout par ostentation; un homme souveraine-
ment confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires
et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres,
les ouvrages et les auteurs; qui se persuade que toutes ces
choses ne méritent pas qu'il s’y applique, et n'estime rien
de solide que d'avoir de bonnes fortunes, ou le don de
dire des riens; qui prétend néanmoins a tout, et parle de
tout sans pudeur; en un mot, un fat sans vertus, sans ta-
Jents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les
choses que ce qu'elles ont de plaisant, et met son principal
mérite à. toumer continuellement en ridicule tout ce qu'il
connait sur la terre de sérieux etde respectable.
Gardez·vous donc bien de prendre pour le monde ce
- |_Tres·bien. — V.]