Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/246

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192 rnsmâ de nos actions volontaires, et que c'est seulement alors qu'elle est principe indépendant. C'est déjà. m'accorder beaucoup; mais ce n'est pas encore assez, et je nie que la volonté soit jamais le premier principe; c'est, au contraire, le demier ressort de l’ame, c'est l'a.iguille qui marque les heures sur une pendule et qui la pousse à. sonner. Je con- viens qu’elle détermine nos actions; mais elle est elle-méme déterminée par des ressorts plus profonds, et ces ressorts sont nos idées ou nos sentiments actuels; car, encore que ·la volonté éveille nos pensées, et assez souvent nos actions, il ne peut suivre de là qu’elle en soit le premier principe; c'est précisément le contraire, et l’on n’a point de volonte qui ne soit un efl”et· de quelque ·passion ou de quelque réflexion. Un homme sage est mis à une rude épreuve; l'appât d’un plaisir trompeur met sa raison en péril; mais unetvolonté plus forte le tire de ce mauvais pas : vous croyez que sa volonté rend sa raison victorieuse? Si vous y pensez tant soit peu, vous découvrirez, au contraire, que c'est saraison toute seule qui fait varier sa volonté; cette volonté, com- battue par une impression dangereuse, aurait péri sans ce secours. ll est vrai qu’elle vainc un sentiment actuel, mais c'est par des idées actuelles, c'est—à.-dire, par sa raison. Le méme homme succombe en 1me autre occasion; il sent irré- sistiblement que c'est parce qu'il le veut : qu'est·ce donc qui le fait agir 2 Sans doute c'est sa volonté; mais sa volonté sans règle s’est-elle formée de soi? n'est-·ce pas un senti- ment qui l'a' mise dans son cœur? Rentrez au dedans de vous—mémes; je veux m’en rapporter a vous : n'est-il pas manifeste que dans le premier exemple ce sont des idées actuelles qui surmontentun sentiment, et que dans celui-ci • le sentiment prévaut, parce qu'il se trouve plus vif, ou pa.rce que les idées sont plus faibles? — Mais il ne tiendrait qu'à. ce sage de fortifier ses idées, il n’au1·ait qu'à le vouloir. — Oui, le vouloir fortement; mais afin qu'il le veuille ainsi , ne faudrait-il pas jeter d'uutres pensées dans son