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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/321

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SUR QUELQUES POÈTES.


se fait aisément pardonner d’avoir employé trop souvent ` les lieux communs de la poésie etun peu de déclamation. Mais, quoi qu’il puisse étre. de cette trop grande partialité de M.- de Voltaire pour Bossuet, que je respecte d’ailleurs plus que personne, et qui est le plus sublime des orateurs, je déclare que tout le reste du. Temple du Goût m’a frappé par la vérité des jugemçats, par la vivacité, la variété et le · tour aimable du style; et je ne puis comprendre que l’on juge si sévèrement d’un ouvrage si peu sérieux, et qui est un modèle rfagréments. a Dans un genre assez dilïérent, l'Epttre aux maries de Gd- norwille et celle sur la mort de mademoiselle Leeouvreur m’ ont paru deux morceaux remplis de charme, et où la douleur, l'amitié, l'éloquence et la poésie parlent avec la grace la plus ingénue et la simplicité la plus touchante. J'estime plus deux petites pièces faites de génie, comme celles-ci, et qui respirent la passion , que beaucoup d’assez longs poèmes. Je finirai sur les ouvrages de M. de Voltaire, en disant ` quelque chose de sa prose. Il n’y a guère de mérite essen- tiel qu'on ne puisse trouver dans ses écrits; si l’on est bien aise de voir toute la politesse de notre siècle, avec un grand art pour faire sentir la vérité dans les choses de goût. on n’a qu’à lire la préface d'(Edipe, écrite contre M. de La Motte avec une délicatesse inimitable; si l’on cherche du sentiment, de l’harmonie jointe à une noblesse singulière, on peut jeter les yeuxsur la préface d'Alzire, et surl'Epilre à madame la marquise du Chatelet; si l’on demande une lit- térature universelle, un goût étendu qui embrasse le carac- tère de plusieurs nations, et qui peigne les manières dilïé- rentes des plus grands poètes, on le trouvera dans les Réflexions sur les poètes épiques, et les divers morceaux tra- duits par M. de Voltaire des poètes anglais, d'une manière ' . qui passe peut-ètre les originaux. Je ne parle pas de l'His~ toire de Charles XII, qui, par la faiblesse des critiques que l’on en a faites, a dû acquérir une autorité incontestable. et qui me parait étre écrite avec une force, une précision