Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Z)6 V E S S Al _ celui qu'il a chargé de cette affaire , qui est un homme hardi, éloquent, arrive dans la capitale, où il est attendu avec impatience, et on s’attend qu'il révélera bien des mys- tères; mais le lendemain, le sénat s'étant extraordinaire- ment assemblé, on vient lui annoncer que cet envoyé a été trouvé mort dans son lit, et qu’on a détourné tous ses pa- piers. Les gens de bien, consternés, gémissent secrètement de cet attentat; mais les partisans de Lentulus en triom- pheut publiquement, et la république est menacée d'une horrible servitude'. 6. — onosrn, ou ne Vieux fou. Oronte, vieux et llétri, dit que les gens vieux sont tristes, et que, pour lui, il n’aime que les jeunes gens. C'est pour cela qu'il s’est logé dans une auberge , où il a, dit-il, le plaisir de ceux qui voyagent, sans leurs peines, parce qu'il · voit tous les jours a souper de nouveaux visages. On le ren- contre quelquefois au jeu de paume, avec des jeunes gens qui sortent du bal, et il va déjeuner avec eux. ll les cultive avec « par la douceur A servir A l'envi la republique. [Aura talents lui sont plus ~ utiles que leur jalousie n'œt nuisible: c’est cette ambition des grands hom- ¤ qui fait la grandeur des Etats. · | Le fond, ou plutot l’occaslon de cette peinture, c’ost peut-etre simplement la rivalité assez connue du maréchal de Broglie, commandant d’un corps français pendant la guerre de Boheme, et de Seckendorl, général des troupes bavaroises, alliées de la France; on accusait le premier d’avoir laine ac- cabler le second par l'ennemi, et d’avoir ainsi compromis le succès de la cam- pagne de HM. Tel est le procédé fréquemment employé par Vauvenargues; il part d’un caractère qu'il a sous les yeux, ou d’un fait réel dont il a pu etre témoin, sans s'inquiéter du plus on moins d’importance de ce caractère ou de ce fait; le moindre trait et le moindre incident lui sutlisent, carilaere— serve de grandir les personnages, et d‘étendre la scène a la mesure nécessaire pour ce qu'il appelle des peinture: tm peu Mrdie:. Dans le 15• Fragment (voir page 28A), il fait clairement entendre qu'il se sent a l'ét.roit; il vou- drait rendre de grandes dioses, et il n’en voit autour de lui que de petites; aussi, ne trouvant pas, comme il le dit encore, ou modèles dans le monde [rivale qui Pentoure, il demande a sortir de son pay: et de son siècle, a la seule ' condition de M pas sortir de la nature, et c’est ainsi que le maréchal de · Broglie devient Lentulus, comme tel sous-lieutenant un peu matin deviendra Cloditu (voir page M2). Vauvenargues sent bien que de telles nguru man- quent de proportion, L cause de leur isolement meme; aussi voudrait-il lu attacher a un corps dhiatoire, ou, du moins, a une notion qui les preparat et les soutlnt. C'est ce qu'avait fait Fénelon, dont Pimagination, cltimériquc