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Page:Œuvres de Vauvenargues (1857).djvu/433

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ET MAXIMES.

52. Les sots ne comprennent pas les gens d’esprit[1].

53. Personne ne se croit propre, comme un sot, à duper un homme d’esprit.

54. Nous négligeons souvent les hommes sur qui la nature nous donne ascendant, qui sont ceux qu’il faut attacher et comme incorporer à nous, les autres ne tenant à nos amorces que par l’intérêt, l’objet du monde le plus changeant[2].

55. Il n’y a guère de gens plus aigres que ceux qui sont doux par intérêt[3].

56. L’intérêt fait peu de fortunes[4].

57. Il est faux qu’on ait fait fortune, lorsqu’on ne sait pas en jouir.

58. L’amour de la gloire fait les grandes fortunes entre les peuples.

59. Nous avons si peu de vertu, que nous nous trouvons ridicules d’aimer la gloire[5].

60. La fortune exige des soins. Il faut être souple, amusant, cabaler, n’offenser personne, plaire aux femmes et aux hommes en place, se mêler des plaisirs et des affaires, cacher son secret, savoir s’ennuyer la nuit à table, et jouer trois quadrilles sans quitter sa chaise : même après tout cela, on n’est sûr de rien. Combien de dégoûts et d’ennuis ne pourrait-on s’épargner, si on osait aller à la gloire par le seul mérite[6] !

  1. Var. : « Les sots admirent qu’un homme à talents ne soit pas une bête sur ses intérêts. »
  2. [Bien.] — V.
  3. [Bien.] — V.
  4. [Obscur. — V.] — Par intérêt, Vauvenargues entend ici le vice ou la passion qui domine dans un caractère intéressé. Il n’est pas d’usage en ce sens. — S.
  5. [Très-bien. — V.]
  6. [Bien. — V.] — Var. : « Sans aucun de ces artifices, un ouvrage fait de génie remporte de lui-même les suffrages, et fait embrasser un métier où l’on peut aller à la gloire par le seul mérite. »