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ET MAXIMES.

577.  La familiarité et l’amitié font beaucoup d’ingrats.

578.  Les grandes vertus excitent les grandes jalousies ; les grandes génèrosités produisent les grandes ingratitudes : il en coûte trop d’être juste envers le mérite éminent.

579.  Ni la pauvreté ne peut avilir les âmes fortes, ni la richesse ne peut élever les âmes basses ; on cultive la gloire dans l’obscurité ; on souffre l’opprobre dans la grandeur : la fortune, qu’on croit si souveraine, ne peut presque rien sans la nature[1].

580.  [L’ascendant sur les hommes vaut mieux que la richesse.]

581.  [On en voit que les plus grands intérêts ne peuvent engager à se dessaisir des moindres biens.]

582.  Qu’importe à un homme ambitieux, qui a manqué sa fortune sans retour, de mourir plus pauvre[2] !

583.  [Le plus grand effort de l’esprit est de se tenir à la hauteur de la fortune, ou au niveau des richesses.]

585.  Il y a de fort bonnes gens qui ne peuvent se désennuyer qu’aux dépens de la société.

585.  Quelques-uns entretiennent, familièrement et sans façon, le premier homme qu’ils rencontrent, comme on s’appuierait sur son voisin, si on se trouvait mal dans une église.

586.  N’avoir nulle vertu ou nul défaut est également sans exemple.

587.  Si la vertu se suffisait a elle-même, elle ne serait plus une qualité humaine, mais surnaturelle.

  1. Rapprochez de la Maxime 182e. — G.
  2. Voir la 2e note de la page 80. — G.