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DE L’ESPRIT HUMAIN.


LIVRE DEUXIÈME


22. — Des passions.

Toutes les passions roulent sur le plaisir et la douleur, comme dit M. Locke c’en est l’essence et le fonds.

Nous éprouvons en naissant ces deux états le plaisir, parce qu’il est naturellement attaché à être ; la douleur, parce qu’elle tient à être imparfaitement.

Si notre existence était parfaite, nous ne connaîtrions que le plaisir. Étant imparfaite, nous devons connaître le plaisir et la douleur ; or, c’est de l’expérience de ces deux contraires que nous tirons l’idée du bien et du mal.

Mais comme le plaisir et la douleur ne viennent pas à tous les hommes par les mêmes choses, ils attachent à divers objets l’idée du bien et du mal, chacun selon son expérience, ses passions, ses opinions, etc.

Il n’y a cependant que deux organes de nos biens et de nos maux les sens et la réflexion[1].

Les impressions qui viennent par les sens sont immédiates[2] et ne peuvent se définir ; on n’en connaît pas les ressorts elles sont l’effet du rapport qui est entre les choses et nous ; mais ce rapport secret ne nous est pas connu.

  1. [Il fallait dire : les sens et la pensée ; de plus, la pensée, non plus que la réflexion, n’est dans aucun sens un organe. — La. H.]
  2. [Point du tout ; elles ne viennent à l’âme que médiatement, c’est-à-dire par l’entremise des sens. Les objets agissent immédiatement sur les sens, et médiatement sur l’âme. — La H.]